U Cacavellu
Le silence de la clandestinité permet le plus souvent à la tradition de conserver non sans mal, une mémoire des gestes, des habitudes de vie et des goûts. Du bon goût dans son sens olfactif, puisque « les » fêtes de Pâques en Corse peuvent s’écrire et s’entendre au pluriel autour d’un petit colis traditionnel, un colis voyageur aux succulentes saveurs : U cacavellu , gâteau brioché à fleur d’oranger avec un œuf dur enserré par deux croisillons de pâte. Une friandise de tradition corse mais que les marranes offraient eux aussi( ? ), eux déjà ( ?) aux enfants juifs du Maroc. Dans la généalogie de ce délicieux cadeau , une évidente et historique antériorité de coutume peut poser question : le cacavellu, gâteau traditionnel corse a-t-il une antériorité juive ? La mémoire du temps n’en a jamais douté.Le cacavellu , gâteau d’origine marrane, exporté d’Espagne, a fait en réalité souche en Corse jusqu’à se fondre et se confondre avec ceux qui le dégustent en langue corse ! Un compatriote , dans toute l’évidence de sa mémoire juive !Une osmose gourmande à l’origine clandestine ayant traversé cinq cents ans d’histoire !Entre le plateau du Cuscione, ce jardin d’Eden et la traversée du désert.
Le Cacavellu ? Un peu la madeleine de Proust en regardant l’eau du Jourdain.
Texte de Pau OLIVIERI