Au coin des légendes
Sur les chemins de l’errance des peuples se rencontrent, des langues se parlent, s’interpellent, s’interprètent, l’histoire , leur histoire se raconte, mythologie et réalité se déclinent…Oui, parcours d’exil, sans fin, le Juif errant et pourquoi pas, puisque nous sommes à Porto Vecchio, une certaine similitude avec le peuple corse. Une judéité apparemment inexistante et pourtant suffisamment présente dans une île qui ne compte qu’une synagogue. Une synagogue et le souvenir d’une date maléfique, plus que le paludisme et les fièvres, une malaria du diable, une date de passage, de présence et d’absence : 1492, plus précisément le 31Mars 1492. Le traité de l Alhambra et l’expulsion des Juifs d’Espagne. C’est l époque des bûchers ou l’on brulait des milliers de Juifs dans de grandioses autodafés. C’est dans ce contexte historique épouvantable que Didier LONG, essayiste , apporte dans son livre « Racines juives de la Corse », un éclairage intéressant sur la date du Luddarredu à Porto Vecchio, fixée au 31 Juillet 1492. Pour lui, cette date qui interdit tout retour des juifs en Espagne a une dimension tragique que ne justifieraient pas les réjouissances festives autour d’un malheureux mannequin de paille brûlé vif en place publique. Et Didier LONG de conclure que cette « fête » populaire- un mannequin empaillé brûlé par la foule- trouverait toute sa signification dans l’Inquisition espagnole et aux cérémonies d’auto-dafé appelant à brûler vif les juifs.
Alors ? Je pense que, comme tous les exilés, les expulsés, les bannis, la clandestinité demeure tragique. Mieux vaut ne pas trop en parler.
Jean Cocteau assure qu’il a toujours préféré la mythologie à l’Histoire, parce que dit-il, l’Histoire est une vérité qui se déforme de bouche en bouche et devient mensonge , alors que le mythe, de bouche en bouche prend au contraire des forces et en arrive à devenir vrai .
Texte de Paul OLIVIERI